[BOUQUINS] Roger Smith – Au Milieu De Nulle Part

R. Smith - Au milieu de Nulle PartDirection l’Afrique du Sud pour cette chronique, sachant que c’est Roger Smith qui nous servira de guide au cours de cette escapade, autant vous attendre à un voyage mouvementé dans les recoins les plus obscurs de l’âme humaine. Au Milieu De Nulle Part, son dernier roman, est venu perturber mon programme de lecture en grillant la priorité à ses congénères qui faisaient déjà la queue.
Quand le président sud-africain tue son épouse alors qu’il est complètement ivre, il sait qu’il peut compter sur Steve Bungu, son éminence grise, pour livrer une autre « vérité » au public et aux médias. Pour appuyer sa version des faits, Bungu persuade Joe Louw, un ancien policier connu et apprécié aussi bien par ses pairs que par l’opinion publique, de se livrer à une contre-enquête bidon. Dans le même temps, l’inspecteur Disaster Zondi est envoyé au fin fond du Kalahari afin d’interpeller Magnus Kruger, un vieux suprématiste blanc qui règne sur une communauté de nostalgiques de l’apartheid.
C’est le troisième roman de Roger Smith que je lis, incontestablement son style direct est toujours aussi efficace pour plonger le lecteur au coeur de l’intrigue, mais je n’ai pas retrouvé la niaque et l’absolue noirceur de Blondie Et La Mort, ou plus récemment d’Un Homme A Terre. Le roman vous réserve bien quelques morts brutales, mais j’ai trouvé que l’ensemble manquait de liant, comme si le récit servait de prétexte à un réquisitoire à charge (et toujours sans la moindre concession) contre l’omniprésence de la corruption qui règne en Afrique du Sud et semble n’épargner aucun secteur (justice, police, gouvernement… tous pourris !).
Un pays qui semble avoir bien du mal à panser les plaies béantes laissées par des années d’apartheid, d’autant que certains nostalgiques attisent les dernières braises dans l’espoir (vain, espérons-le) de voir renaître la suprématie de la race blanche. Le racisme aussi est de fait omniprésent et n’épargne personne, pas seulement Blancs contre Noirs et vice-versa, mais aussi à l’encontre des métis et mêmes entre Noirs selon leurs origines et/ou leur position sociale.
Une fois de plus Roger Smith ne perd à son temps à nous vendre du rêve, il nous plonge au coeur de la réalité sud-africaine, et cette réalité n’est pas toujours belle à voir ! Mais ce n’est certainement pas en se voilant la face que les autorités pourront espérer changer les choses.
Une fois de plus Roger Smith peut se reposer sur des personnages au caractère bien trempé, ni tout noir, ni tout blanc. Dans le coin droit, Joe Louw, une ancienne gloire de la police qui a démissionné après avoir accidentellement abattu une jeune femme tandis qu’il poursuivait un braqueur en fuite. Dans le coin gauche, Disaster Zondi, un flic un peu trop épris de justice, qui, à force de dénoncer le système, se retrouve plus ou moins mis au placard par sa hiérarchie. Au centre, l’arbitre, ou plutôt le marionnettiste, l’intriguant (dans tous les sens du terme) Steve Bungu.
Les personnages plus secondaires ne sont pas pour autant laissés pour compte, ils bénéficient du même traitement en profondeur ; c’est pour laisser intact le plaisir de la découverte que je ne m’épanche pas davantage sur leur cas.
Comprenons-nous bien, Au Milieu De Nulle Part reste un polar haut de gamme, brillamment construit, mais je n’ai simplement pas retrouvé l’effet WAOW que m’avait procuré la lecture des deux autres titres de l’auteur. Je me suis régalé, mais je n’en pas pris plein la gueule.

MON VERDICT

4 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Roger Smith – Au Milieu De Nulle Part »

  1. Je ne connais pas l’auteur mais je vois tout à fait ce que tu veux dire, j’ai un peu ressenti ça avec les thrillers de Ghislain Gilberti, les deux premiers m’ont tellement scotché que le troisième, pourtant excellent, ne m’a pas fait le même effet. Mais dans ton cas comme dans le mien, on est quand même sur le haut du panier question polar 😉

  2. Et on aime s’en prendre plein la gueule, nous, en lisant !!

    Tu penses que Mac Rond pourrait dézinguer sa Brigitte ?? Ça ferait un bon polar noir, non ??? 😆

    1. McRond en serial killer psychopathe… why not ?
      Il ne manque pas de monde à dézinguer autour de lui 🙂
      Le tueur de lèches-culs ; c’est vendeur ça !

      1. Joli jeu de mot avec McRond ! Je ne connaissais que les inventeurs du slip, moi : McEugène et McEussdresse… Je sors !

        Vu comme ça démissionne tout azimuts, c’est pire que les victimes d’un sérial killer !! mdr

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