[BOUQUINS] Thomas Perry – The Old Man

Ancien agent du Renseignement militaire américain, Dan Chase a été envoyé en Libye au début des années 1980. Sa mission : fournir 20 millions de dollars à un chef de guerre hostile à Kadhafi. Mais l’opération a mal tourné.

Trente-cinq ans ont passé. Chase vit en solitaire dans le Vermont avec ses deux chiens. Jusqu’au jour où son ancienne vie le rattrape.

Pour échapper à ceux qui veulent l’abattre, Chase se lance dans une longue cavale à travers les États-Unis et le Canada. Avant de comprendre qu’il n’a d’autre choix que de solder les comptes du passé…

C’est la couv’ qui a d’abord attiré mon attention, ce type de deux accompagné par deux gros chiens ça a titillé ma curiosité. Le pitch a fait le reste du job.

Je remercie chaleureusement les éditions L’Archipel et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

J’avoue très honnêtement que je n’avais jamais entendu parler de Thomas Perry avant de découvrir ce roman. Le gars n’en est pourtant pas à son coup d’essai puisque The Old Man est son vingt-troisième roman, dont plusieurs ont été traduits en français par diverses maisons d’édition (Presses de la Cité, Albin Michel, Fayard…).

Pour être totalement honnête je ne sais pas si ce roman aurait fait l’objet d’une traduction s’il n’avait fait l’objet d’une adaptation en série TV pour la chaîne FX en 2022 avec Jeff Bridges dans le rôle-titre. En France la diffusion est assurée par Disney+ à compter de septembre 2022.

N’allez surtout pas croire que je dis ça parce que le bouquin est sans intérêt, loin de là. Je l’ai trouvé captivant de bout en bout.

L’auteur nous fait vivre une chasse à l’homme haletante, d’abord du point de vue du fugitif, puis de ceux qui le traquent. On aurait pu craindre une certaine redondance, passant des épisodes de répit (durant lesquels Dan Chase s’installe dans sa nouvelle identité tout en préparant une éventuelle fuite) et ceux de traque, mais il n’en est rien. Tout est bien ficelé et rondement mené pour nous tenir en haleine.

On apprend progressivement le pourquoi du comment de cette chasse à l’homme, difficile alors de ne pas prendre fait et cause pour le fugitif ! Et puis un gars qui accorde autant d’attention à ses chiens ne peut qu’être un chic type.

Il faut dire que Thomas Perry fait tout pour rendre son personnage attachant, malgré un côté calculateur, voire manipulateur… mais comme dans tout roman d’espionnage, difficile de savoir exactement qui manipule qui.

Ne vous fiez pas à son âge, le bonhomme est parfaitement rôdé (passage par les Forces Spéciales et expérience de terrain obligent) pour déjouer les plans de ses poursuivants et éventuellement neutraliser ceux qui viennent se frotter à lui d’un peu trop prés.

Du côté des poursuivants j’ai bien aimé le personnage de Julian Carson, un « consultant » engagé par les agents du gouvernement pour les assister dans leur chasse à l’homme. Mais le jeune homme a oublié d’être bête, il ne va pas suivre aveuglément consignes de ses supérieurs mais essayer d’en apprendre plus sur le vieil homme.

Même si l’intrigue pourrait paraître cousue de fil blanc, elle vous réservera toutefois quelques surprises pour le moins inattendues (notamment concernant un personnage secondaire du roman).

Je ne m’épancherai pas davantage sur les personnages et l’intrigue car cela m’amènerait inévitablement à être un peu trop dissert et à donner un indice majeur sur la phrase suivante (suce pince…).

Si je me suis régalé quasiment de la première à la dernière page, j’ai toutefois un petit bémol sur le final du roman. Je ne peux malheureusement pas en dire plus, disons simplement que j’espérais autre chose.

[BOUQUINS] Stephen King – Holly

Dans une jolie maison victorienne d’une petite ville du Midwest, Emily et Rodney Harris, anciens professeurs d’université, mènent une vie de retraités actifs. Malgré leur grand âge, les années semblent n’avoir pas avoir de prise sur eux.

À quelques pas de leur demeure, on a retrouvé le vélo de Bonnie Dahl, récemment disparue. Elle n’est pas la première à se volatiliser dans ce périmètre. Chose étrange : à chaque fois, il s’agit de jeunes gens.

Sur l’insistance de la mère de Bonnie, Holly Gibney accepte de reprendre du service. Elle est loin d’imaginer ce qui l’attend : une plongée dans la folie humaine, là où l’épouvante n’a pas de limite.

Stephen King, what else ?

Les inconditionnels de Stephen King savent pertinemment que leur auteur fétiche peut mettre leurs nerfs à rude épreuve sans avoir recours au fantastique. Souvenez-vous de la solitude et de l’angoisse de Jessie, menottée à son lit dans un chalet paumé au milieu de nulle part, le cadavre de son mari gisant au pied du lit (Jessie, 1993). Osez affirmer que Annie Wilkes ne vous a pas donné quelques sueurs froides emportée par sa folie (Misery, 1989). Ou encore plus récemment avec le très bon Billy Summers (2022), un thriller pur jus maîtrisé de bout en bout.

Le personnage d’Holly Gibney a fait son apparition dans la trilogie Bill Hodges (Mr Mercedes, Carnets Noirs et Fin De Ronde). Stephen King la sortira ensuite de ses tiroirs pour lui confier un second rôle dans son roman L’Outsider puis dans la nouvelle Si Ça Saigne inspirée du même univers. Avec ce roman Holly gagne ses lettres de noblesse et occupe enfin le haut de l’affiche.

L’intrigue se situe en 2021, un choix qui ne doit rien au hasard, comme le reste du monde, les États-Unis font face, tant bien que mal, à l’épidémie de Covid-19. Au-delà de la crise sanitaire à proprement parler, le contexte offre un terrain de jeu de premier choix pour les complotistes de tout poil. Le monde se divise en deux clans, les vaccinés et les antivax.

Pour les États-Unis l’année 2021 est doublement emblématique, le pays émerge de quatre années sous la présidence de Donald Trump. Là encore il y a les pro MAGA (Make America Great Again, le slogan de campagne de Trump) et les anti… Le pire c’est que rien ne garantit que le gugusse ne revienne pas à la Maison Blanche en 2028, surtout si les démocrates relancent Papy JB aka Le Sénile dans la course !

Mais revenons à nos moutons et au roman Holly.

Au fil de ses aventures nous avons vu s’étoffer la personnalité d’Holly Gibney, la frêle et timide que Bill Hodges a découvert sait désormais s’affirmer et à plus ou moins se faire confiance. Et elle en aura bien besoin pour affronter cette nouvelle affaire.

Pour elle l’affaire commence comme une « simple » disparition d’une jeune femme. Au fil de ses investigations elle va rapidement s’apercevoir que d’autres disparitions potentiellement suspectes ont eu lieu dans un périmètre relativement restreint… même si rien ne semble relier les victimes entre elles.

Le lecteur est quant à lui parfaitement conscient, dès les premières pages du roman, que ces disparitions n’ont rien d’ordinaires. Elles sont l’œuvre d’un couple de retraités qui, sous les dehors d’une respectabilité sans faille, ont imaginé un plan repoussant les limites de l’horreur pour se maintenir au top de la forme.

Pour la première fois Holly va donc se retrouver confrontée à une affaire ne faisant appel à aucun élément fantastique ou surnaturel. Elle aura pourtant à faire aux individus encore plus monstrueux et abjects que ceux qu’elle a déjà affronter. Comme le dira fort justement Izzy Jaynes à la fin de l’affaire :

L’autre nouveauté pour Holly est qu’elle sera quasiment seule sur une grande partie de son enquête. Son associé, Pete Huntley, est en effet cloué au lit par le Covid. Quant à Jerome et Barbara Robinson, qui lui ont prêté main forte plus d’une fois, ils seront fort occupés de leur côté par des projets personnels qui se concrétisent.

Au-delà de son enquête, Holly va aussi devoir composer avec une situation personnelle un peu compliquée. En effet au début du roman elle assiste aux funérailles de sa mère, terrassée par le Covid (un brin ironique pour quelqu’un qui rejetait l’existence de cette maladie). Si vous avez lu la trilogie Bill Hodges vous savez déjà que le personnage de Charlotte Gibney n’est pas franchement des plus avenants, toujours prompte à rabaisser Holly. Vous découvrirez que la daronne avait encore quelques coups foireux en réserve… heureusement, finalement les choses tourneront plutôt à l’avantage de notre brave Holly.

Si Stephen King impose à son intrigue un rythme de croisière plutôt pépère (les choses vont véritablement s’emballer vers la toute fin du roman), on ne s’ennuie pas une minute pour autant, on prend plaisir à suivre chacun des personnages dans leur parcours personnel. La plume de l’auteur fait mouche, comme toujours, notamment quand il faut pointer les travers de la société américaine. Mais il est tout aussi efficace quand il s’agit de rendre hommage à la littérature, et tout particulièrement à la poésie.

Indéniablement cette cuvée 2024 du King a tous les atouts d’un grand cru. L’absence d’élément fantastique ne m’a posé aucun problème, au contraire c’est même l’une des grandes forces du roman.

[BOUQUINS] Guillaume Musso – Quelqu’un D’Autre

Côte d’Azur – Printemps 2023.
Au large de Cannes, un yacht dérive entre les îles de Lérins. À son bord repose Oriana Di Pietro, éditrice italienne et héritière d’une célèbre famille milanaise. Agressée sauvagement, elle succombera après dix jours de coma.

Qui a tué Oriana ?
Un homme et trois femmes livrent leur version de l’histoire : Adrien, le mari de la victime, pianiste de jazz séduisant et mystérieux ; l’insaisissable Adèle, sa jeune maîtresse ; Justine, la policière locale chargée de l’enquête et Oriana enfin, à travers le récit bouleversant des dernières semaines de sa vie.
Personne ne ment.
Mais personne n’est d’accord sur la vérité…

Parce que c’est Guillaume Musso et qu’il fait partie de mes auteurs incontournables, d’autant plus qu’il s’est fait désirer pour ce nouveau roman (occupé sur d’autres projets, dont l’excellente adaptation en roman graphique de La Vie Secrète Des Écrivains).

Pour tout vous dire, il a même grillé la priorité à Stephen King dans mon Stock à Lire Numérique ! Peu d’auteurs peuvent se targuer d’un tel exploit…

Retour sur les côtes méditerranéennes pour le nouveau roman de Guillaume Musso. Semblerait que les terres françaises l’inspirent davantage ces dernières années.

La première partie s’ouvre sur l’agression d’Oriana Di Pietro, suivront différents articles de presse relatant l’évolution de l’affaire jusqu’au décès de la victime une dizaine de jours plus tard. Cette première partie se clôt sur un ultime rebondissement, plus d’un an après les faits qui pourrait bien constituer un tournant décisif dans l’avancée de l’enquête.

Le temps d’une garde à vue le lecteur découvrira le déroulé des évènements ayant conduit au drame selon trois protagonistes. Avec Oriana Di Pietro nous verrons défiler les dix-huit derniers mois de son existence et la mise en place d’un plan un brin insensé afin d’assurer un avenir des plus radieux pour son mari et ses deux enfants. Adrien Delaunay, propulsé suspect n°1 par un revirement de l’enquête, va nous livrer sa propre version des faits. Enfin Adèle Keller, la mystérieuse maîtresse d’Adrien, aura, elle aussi, sa propre vérité à partager.

Au fil des interrogatoires, des indices et des découvertes, Justine Taillandier, la policière en charge de l’affaire va devoir démêler le vrai du faux afin d’essayer d’avoir une vision la plus objective possible de la vérité. Problème : si les différents sons de cloche ne s’accordent pas toujours, aucun ne semble totalement dissonant…

Et voilà ami lecteur, tu as mordu à l’hameçon. C’est foutu, tu auras bien du mal à lâcher prise avant d’avoir le fin mot de l’histoire. C’est en tout cas ce qui s’est passé avec moi, commencé un matin juste pour voir… Je n’ai pas pu lâcher l’affaire de connaître toute la vérité et rien que la vérité. Une lecture dévorée en une journée !

Au fil des pages Guillaume Musso nous balade au rythme de ses revirements de situation, coupable ou innocent le mari ? Parfois vous serez-convaincu qu’il a tout manigancé, d’autres fois vous aurez l’absolue certitude qu’il est lui aussi une victime dans cette histoire. Je peux juste vous assurer que le final dépassera tout ce que vous avez pu imaginer !

Certains diront que c’est un peu tiré par les cheveux, pour ma part je trouve que cela s’accorde parfaitement à l’intrigue, à tel point que l’on aurait presque envie de revenir en arrière afin de découvrir les indices que l’auteur a disséminé çà et là.

Je n’entrerai pas dans les détails afin de ne pas spoiler la fin mais vérification faite les explications données à Justine Taillandier sont tout à fait plausibles d’un point de vue purement « technique » (le terme n’est pas forcément le plus adapté, mais si j’employais une formule plus juste je lâcherai un indice majeur).

Il n’y a pas que le personnage d’Adrien Delaunay qui suscitera des sentiments contradictoires au fur et à mesure de la lecture. Ce sont quasiment tous les acteurs de cette intrigue qui souffleront le chaud et le froid.

Un micro bémol sur la toute fin du roman (après la résolution du meurtre d’Oriana) qui ne s’imposait pas vraiment. D’un autre côté ce serait malhonnête de prétendre que ça gâche tout le reste.

Une fois de plus Guillaume Musso a fait mouche en osant jouer avec les codes du thriller. Il manque toutefois un soupçon d’adrénaline pour égaler les maîtres du genre (même si je doute fort que ce soit l’objectif que vise l’auteur).

[BOUQUINS] Bernard Petit – Le Nerf De La Guerre

Le Patron, un homme respecté au Maroc, a monté son business sur le commerce du cannabis. En lien avec les producteurs locaux, il achemine la marchandise vers l’Europe. Mais aujourd’hui plus qu’hier, il faut savoir être inventif pour passer sous les radars de la police. Et pour ça, il peut compter sur Youssef, son bras droit et fils spirituel, celui à qui il destine son empire. Un homme discret, mesuré, à qui l’argent ne fait pas tourner la tête. Tout le contraire de Junior.

Celui-ci a rejoint le réseau pour gérer, depuis Paris, les flux d’argent générés par le trafic. Le problème, c’est que Junior appartient à cette génération qui ne respecte pas les règles établies. Fougueux, impatient, il déborde d’idées et d’ambition. Quitte à mettre en péril le fragile équilibre de toute cette organisation. Pourtant, dans leur monde, les conflits sont toujours mortels…

Parce que le précédent (et premier) roman de Bernard Petit, La Traque, m’avait fait forte impression. On y retrouve la touche unique des polars écrits par des anciens de la maison.

Je remercie les éditions Fleuve et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Après un premier roman des plus aboutis et d’un réalisme bluffant, nous étions nombreux à attendre Bernard Petit au tournant du second roman. Force est de reconnaître que l’auteur relève haut la main le défi !

Jamais un roman ne m’a plongé au cœur du trafic de drogue avec autant de réalisme. Sous la plume hyper documentée de l’auteur, on découvre les méandres du trafic via ses différents acteurs. Un univers impitoyable où le moindre écart peut s’avérer mortel.

Pour tisser son intrigue Bernard Petit oppose deux visions du trafic de stupéfiant. Avec le sage Youssef d’un côté, qui préfère miser sur un réseau discret qui respecte les règles que le milieu a plus ou moins édictées au fil du temps. De l’autre se trouve le jeune et impétueux Junior, qui veut voir toujours plus grand et aller toujours plus loin, quitte à bafouer certaines de ces règles qu’il estime dépassées.

Tous les aspects du trafic sont abordés sans tabou dans ce roman. De l’acheminement à la revente en passant par le stockage et les divers montages financiers – de plus rudimentaire au plus élaboré – permettant à l’argent de passer sous les radars des autorités.

Bien entendu ces divers aspects plus ou moins techniques vont permettre au roman de se démarquer mais ce n’est pas non plus l’assurance d’avoir un bon thriller entre les mains. L’auteur nous concocte une intrigue largement à la hauteur de son important travail documentaire. Une intrigue qui m’a tenu en haleine quasiment de la première à la dernière page.

Une intrigue dans laquelle la police ne va intervenir que tardivement, mais le moins que l’on puisse dire c’est que leur apparition sera des plus remarquée. Les différents services impliqués vont unir leurs efforts pour mettre en place un plan particulièrement audacieux dans l’espoir de faire dérailler la mécanique parfaitement huilée qui leur fait face.

Les personnages sont particulièrement soignés, pas question de tomber dans le piège du manichéisme à deux balles où tout doit être noir ou blanc. Ici tout est nuancé, ainsi certains « méchants » vous apparaîtront comme plutôt sympathiques alors que d’autres demeureront de véritables pourritures sans foi ni loi.

Assez peu d’intervenants du côté des forces de l’ordre mais l’auteur en profite pour pointer du doigt des conditions de travail difficilement conciliables avec une vie sociale ou familiale. Un métier qui doit aussi composer avec un manque d’effectif et de moyens auquel viendront s’ajouter de nombreuses tracasseries administratives. Un métier qui va exiger beaucoup de ceux qui s’y engagent mais ne leur rendra pas grand-chose, surtout pas la reconnaissance.

Bernard Petit opte pour une approche très visuelle, sans fioriture. Il faut que ça claque comme un coup de feu et que ça fasse mouche instantanément. Un choix qui s’avérera payant, tant on aura du mal à lâcher le bouquin une fois qu’il nous aura ferré.

Pour l’anecdote, l’image de la couv’ renvoie à l’un des personnages du roman… et pas des moindres !

Avec ce roman l’auteur signe un sans faute captivant et fascinant de bout en bout. Je frétille déjà d’impatience dans l’attente du prochain roman de Bernard Petit.

[BOUQUINS] Loiseau & Rambaud – L’Énorme Enquête

Un garde forestier est retrouvé mort dans la rue, un couteau planté dans la poitrine. Mais la rigidité cadavérique a été tellement rapide que le corps n’est pas tombé au sol. Et, si le couteau, qui s’est plié sous l’impact, a traversé le torse de la victime en y faisant des détours, il n’a touché aucun organe vital. Une bien mystérieuse enquête s’annonce pour Commissaire et Inspecteur.

Je remercie les éditions Delcourt et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

D’emblée l’accroche des éditions Delcourt annonce la couleur : « Tous les éléments sont réunis pour une Énorme Enquête plongée dans l’absurde, dans la lignée des Nuls. » Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette enquête ressemble effectivement davantage à La Cité De La Peur qu’à du polar pur jus façon Scorcese ou De Palma.

Adeptes d’intrigues tarabiscotées passez votre chemin, ici vous aurez surtout le droit à une succession de gags où l’improbable côtoie l’absurde, et ce aussi bien dans les situations que dans les dialogues. À commencer par les enquêteurs surnommés simplement Inspecteur et Commissaire (mais l’on croisera aussi FBI et bien sûr l’inévitable Tueur).

Autant je considère le film des Nuls, La Cité De La Peur, comme un joyau d’humour absurde et déjanté ; autant j’ai eu un peu plus de mal avec cette BD. Certes difficile de ne pas sourire devant l’imagination débridée de Lorrain Loiseau, mais force est de constater que l’ensemble manque cruellement de cohésion et de profondeur.

J’ai aussi eu du mal avec le dessin hyper simpliste de Yann Rambaud, notamment concernant le manque d’expressivité des personnages. Que le dessinateur joue sur les différentes teintes de gris n’a rien de rédhibitoire, en revanche j’aurai vraiment apprécié qu’il accorde plus de soins à ses personnages.

Nul doute que les auteurs ont dû s’éclater pour nous concocter cet album (jusqu’à la dernière page, ils jouent avec les codes). Merci à eux pour cet instant de bonne humeur mais je reste tout de même sur ma faim au niveau de l’intrigue épaisse comme une feuille de papier toilette bon marché.

[BOUQUINS] Bécu & Trifogli – Morpheus

Depuis l’apparition du virus Morpheus, l’humanité est condamnée au sommeil vingt heures par jour. Pour tenter de survivre à ce chaos, les principales capitales ont déclaré leur indépendance dans une Europe au bord de l’implosion.

A Prague, la mercenaire Juliette tente d’offrir une vie décente à sa fille en multipliant les missions périlleuses et en prenant des drogues pour rester éveillée. Sa rencontre avec le professeur Ivanov lui redonne l’espoir d’éradiquer le virus et de sauver sa fille.

Commence alors pour eux une course frénétique à travers le no-man’s land européen, avec plusieurs groupes armés à leurs trousses…

Je remercie Les Humanoïdes Associés et la plateforme Net Galley pour leur confiance.

Yann Bécu s’est inspiré de l’univers imaginé lors de l’écriture de son roman Les Bras De Morphée pour construire le scénario de Morpheus.

Dans ce monde post-apocalyptique le méchant virus n’a pas éradiqué l’humanité mais la condamne à de longues phases de sommeil (20 heures par jour). Les grandes capitales européennes ont déclaré leur indépendance et vivent quasiment en autarcie. Le reste de l’Europe est devenu un vaste no man’s land où la survie s’organise tant bien que mal.

L’histoire commence à Prague, on y rencontre Juliette, une jeune femme qui vit seule avec sa fille, Chloé, et leur bot Teacher. Pour gagner sa vie elle exerce le métier de chasseuse, une espèce de mercenaire officielle. Elle vient justement se voir confier une mission consistant à déjouer les plans de Trolls (des terroristes opposés au pouvoir et à la science).

C’est au cours de cette mission qu’elle va sauver la vie du Pr Yuri Ivanov, un scientifique qui travaille depuis des années sur la recherche d’un remède à Morpheus. Recherches qui étaient quasiment abouties avant l’attaque des Trolls et la destruction de ses échantillons d’ADN archas (des humains naturellement immunisés contre le virus). Juliette y voit l’opportunité de soigner sa fille, mais cela implique de se rendre à Berlin alors qu’il est formellement interdit de quitter sa cité d’origine.

L’intrigue est originale en sortant du cadre post-apocalyptique habituel, les personnages sont bien travaillés (pas toujours évident de restituer des traits de personnalité via le format graphique).

Si je devais y trouver un bémol, je pourrais, en pinaillant, reprocher à l’intrigue une certaine linéarité. Les jours se suivent et se ressemblent avec leur lot de mauvaises rencontres tandis que la relation entre Juliette et Yuri évolue.

Le découpage irrégulier des différentes planches donne toutefois une réelle dynamique à l’intrigue. Ajoutez à cela le dessin très fin et soigné de Francesco Trifogli (aussi bien dans le traitement des décors que des personnages), associé à une mise en couleurs irréprochable d’Axel Gonzalbo et vous aurez une petite pépite, visuellement parlant.

Belle trouvaille aussi qu’est le traitement réservé aux bots, avec le temps (et les conséquences du virus), ils ont acquis une part d’humanité qui est parfaitement dosée pour interagir avec leurs interlocuteurs humains et entre eux.

Au niveau des surprises un peu moins agréables mais qui ouvrent toutefois de belles perspectives, ce roman graphique semble être le premier opus d’une série à venir. Dommage que rien ne l’indique sur la couv’ ou la page de titre, le lecteur le découvre en butant sur une fin des plus abruptes. Yapuka attendre la suite…

[BOUQUINS] Margot Douaihy – Repentie

Lorsque l’école catholique Saint-Sébastien devient la cible d’un terrible incendie criminel, les Sœurs du Sang Sacré et leurs élèves sont plongés dans le chaos. Insatisfaite de la réponse des autorités, la sardonique et entêtée Sœur Holiday est déterminée à démasquer elle-même le coupable et à ramener la paix dans ce sanctuaire où elle a trouvé refuge lorsqu’elle n’avait nulle part où aller.

Elle est plus fidèle que la plupart, mais Sœur Holiday n’est pas une sainte. Pour reconstituer les indices de ce mystère aux enjeux majeurs, elle devra d’abord affronter les péchés de son passé mouvementé.

Son enquête la mènera sur un chemin sinueux de suspicion et de secrets dans la chaleur moite et oppressante de la Nouvelle-Orléans.

Parce que le côté bonne sœur atypique me faisait fortement penser au personnage de Sœur Marie-Thérèse des Batignolles créé par Maëster pour Fluide Glacial. J’espérais bien retrouver ce côté irrévérencieux et un tantinet provoc dans le présent roman.

Margot Douaihy vous invite à faire connaissance avec une presque bonne sœur (elle n’a pas encore prononcé ses vœux définitifs) pas comme les autres. Sœur Holiday est ouvertement lesbienne, couverte de tatouage, adepte de musique punk rock et elle fume comme un pompier… Désormais en quête de rédemption elle enseigne la musique au sein de l’institut catholique de Saint-Sébastien en attendant d’entrer dans les ordres.

En attaquant ce roman je m’attendais à retrouver une bonne sœur à l’image de Sœur Marie-Thérèse de Maëster et le ton irrévérencieux et un tantinet provoc indissociable du personnage. Si Sœur Holiday dénote parmi ses pairs, il n’en reste pas moins qu’elle est profondément croyante et sa foi semble inébranlable. Trop à mon goût ! Toutes ces bondieuseries pour grenouilles de bénitier ont été parfois à la limite du digeste pour l’athée viscéral que je suis… une génuflexion ou une prière de plus et je rejouais la scène du vomi de L’Exorciste.

Ce petit malentendu spirituel mis à part j’ai pris plaisir à suivre le parcours de Sœur Holiday, j’avais surtout hâte de découvrir comment elle en était venue à souhaiter intégrer les ordres. Force est de reconnaître que son parcours n’a pas toujours été une promenade de santé, mais aussi qu’elle a une grande part de responsabilité dans le drame qui sera à l’origine de sa soudaine vocation religieuse.

Quand on ose s’attaquer à l’institut qui lui a offert une seconde chance, Sœur Holiday voit rouge. Elle a la ferme intention de démasquer l’incendiaire / criminel. D’autant que rapidement un second incendie et une seconde victime frappe Saint-Sébastien. Mais voilà ne s’improvise pas détective qui veut, notre Sherlock Nonne va commettre des erreurs d’appréciation au fil de son enquête. En cela l’auteure marque un point, que sa nonne devienne détective hors pair en un claquement de doigt aurait clairement manqué de crédibilité.

Les personnages secondaires ne sont pas de simples faire-valoir, Margot Douaihy apporte beaucoup de soin à dresser leur profil et leur personnalité. À ce titre j’ai particulièrement apprécié le personnage de l’enquêtrice Riveaux, on devine rapidement qu’elle aussi traîne ses casseroles et ses zones d’ombre.

C’est d’ailleurs elle qui donne une possible piste pour les prochaines apparitions de Sœur Holiday. Rendez-vous auquel je répondrai présent avec plaisir… en espérant toutefois un peu moins de bondieuseries à deux balles.

Je vous laisse découvrir les autres intervenants au cours de cette intrigue et vous forger votre propre opinion sur chacun d’entre eux. Forcément il y en aura qui attireront davantage d’empathie que d’autres mais ne perdez pas de vue que l’habit ne fait pas le moine (ou encore la bite ne fait pas le rabbin).

Si l’intrigue dans son ensemble ne devrait pas mettre les nerfs des lecteurs les plus aguerris à rude épreuve, l’auteure parvient toutefois à suffisamment brouiller les pistes pour vous faire douter et mettre à mal vos certitudes. Finalement on referme le bouquin en se disant que le job est fait, ce qui n’est déjà pas si mal.

Le choix d’une narration à la première personne renforce le sentiment d’immersion au cœur de l’intrigue, on perçoit les événements tels que Sœur Holiday les perçoit, tout en gardant notre propre jugement de lecteur.

Si j’ai mis un temps plus que considérable à terminer ce roman et à rédiger ma chronique, ce n’est nullement à cause du bouquin mais plutôt faute à un emploi du temps professionnel particulièrement chargé ces dernières semaines. En rentrant j’étais plus attié par un verre de Jack que par ma liseuse pour décompresser.

1994 – 2024 : 30 ans…

En ce vendredi 8 mars 2024, le soleil brille, les oiseaux chantent… mais on s’en fout. Aujourd’hui ça fait 30 ans que je bosse à la CAFAT. Qui a dit on s’en fout aussi ?

30 ans c’est perpète sans remise de peine… je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai pris perpète en entrant à la CAFAT, même s’il y a eu des périodes moins gaies que les autres. Globalement ce fut (et c’est encore) une expérience plutôt positive.

30 ans ce sont aussi les noces de perle… le moins que l’on puisse dire c’est que je n’ai pas été une perle ces trente dernières années… je reconnais même volontiers m’être parfois comporté comme un gros con, mais c’était souvent de la légitime défense face à une hiérarchie avec avec laquelle j’entretenais des relations tendues. J’ai perdu le compte des blâmes et des avertissements (et une mise à pied) que j’ai récolté au fil des années jusqu’en 2003 et ma mutation au Contrôle Médical (même si mon post précédent, pour mes 25 ans de CAFAT, m’a valu un accrochage avec la DRH).

Résumé des épisodes précédents

Quoi de neuf depuis ces cinq dernières années ? La Stat est redevenu un service à part entière après avoir été intégrée au service finances (ce qui fut encore une idée à la con) et par la même occase a été rebaptisé service valorisation de la donnée (SVD pour les intimes). L’idée étant que notre activité soit plus orientée vers l’analyse de données (de fait de statisticiens, nous sommes devenus analystes de données).

Restructuration hiérarchique aussi avec le départ de Cyril en 2022 (départ accompagné de rumeurs scabreuses… mais cela ne nous regarde pas). C’est désormais Guillaume qui prend la casquette de directeur adjoint de la DFM. Au niveau du SVD nous avons d’abord eu Kevin comme responsable (de mars 2022 à juin 2023), puis il a décidé d’aller voir ailleurs si le ciel était plus bleu. Pendant quelques mois nous avons été sous l’autorité directe de Guillaume avant que Julie, qui était déjà passée par l’équipe stat il y a une dizaine d’années, ne devienne notre chef de service en novembre 2023.

Au niveau de l’équipe aussi il y a eu quelques turbulences. Suite à de fortes tensions avec Cyril et Audrey (il faut dire que ces deux-là ne sont pas les plus ouverts au dialogue et à la remise en question), Jean-Michel a fini par quitter le navire fin 2021 après 6 mois en arrêt maladie. S’en est suivi une année sur deux roues (Wassélie et moi) au lieu des quatre initialement prévues pour le service. Fin 2022 Morgane et Thibaud sont venus renforcer l’équipe.

L’équipe fonctionne bien et les relations avec nos responsables sont à la fois apaisées et constructives. Je touche du bois pour que cela dure encore de longues années…

Je vous donne rendez-vous dans cinq ans pour un dernier topo professionnel… après quoi je me dirigerai lentement mais sûrement vers la retraite.

[BOUQUINS] Sonja Delzongle – Noir Comme L’Orage

Après une nuit d’orage, alors que la saison touristique commence à peine, des corps sont découverts sur l’île d’Oléron et ses alentours, attachés à des pieux métalliques plantés dans le sable face à l’océan, foudroyés. Sept dépouilles au total. Et des modes opératoires très proches.

Le capitaine Max Fontaine, en poste à la PJ de La Rochelle, va aussitôt être chargé de l’affaire. Sa priorité : trouver le lien qui unit les victimes pour espérer remonter jusqu’à leur assassin. Il ne se doute cependant pas de la douloureuse épreuve personnelle qu’il s’apprête à traverser, ni de la solitude, de l’impuissance et de la rage qui vont l’habiter durant cette enquête. Car de nombreux obstacles se dresseront sur sa route avant qu’il puisse accéder à la vérité.

Parce que c’est Sonja Delzongle, une belle et grande plume de la littérature noire.

J’ajouterai la magnifique couv’ illustrée par une photo de Dean Gill, un authentique chasseur d’orages (voir son site), qui capte d’emblée le regard.

Je remercie chaleureusement les éditions Fleuve et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Le moins que l’on puisse dire c’est que ça commence fort avec quatre scènes de crimes et sept victimes. Un point commun relie ces macabres mises en scène, l’arme du crime – nettement moins commune que le fameux point –, qui n’est autre que la foudre. Vous vous en doutez la coupable n’est pas Mère Nature…

C’est le capitaine Max Fontaine et son équipe qui vont hériter de cette délicate enquête. Une enquête qui s’annonce complexe au vu du peu d’indices à disposition des policiers… et de la mauvaise volonté de certains de leurs interlocuteurs.

Du fait de son parcours personnel, le personnage de Max avait a priori tout pour attirer l’empathie des lecteurs, mais sa tendance à l’autoapitoiement aura été rédhibitoire pour moi.

Heureusement que son adjoint, Thomas Bergerac, n’est pas affligé du même syndrome de Caliméro. J’ai beaucoup aimé ce personnage, gentil et dévoué, mais aussi un peu fonceur.

Le personnage le plus trouble et le plus complexe reste incontestablement celui de Bénédicte Saint-Roch.  En refermant le bouquin, le voile n’est pas complètement levé sur les multiples facettes de cette personnalité hors norme.

D’autres personnages du roman vous réserveront quelques surprises, parfois bonnes, souvent mauvaises, mais je ne vous en dirai pas plus.

Comme souvent avec Sonja Delzongle, la dimension humaine occupe une place de premier choix dans ce roman. le parcours de Max s’y prête fort bien, mais l’auteure va au-delà de cette différence. Il y sera aussi question d’amour, d’amitiés, de relations familiales (souvent compliquées), de tolérance (et d’intolérance). Et comme le monde n’est pas tout rose, elle saura, avec son talent habituel, disséquer les aspects les plus sombres de l’âme humaine.

Une seconde intrigue, sous la forme d’un double homicide, va venir se greffer à la trame principale du récit. Autant l’enquête autour des foudroyés vous tiendra en haleine jusqu’au clap de fin, autant ce double meurtre ne vous réservera aucune surprise (on devine d’entrée de jeu la personne qui se cache derrière ce crime… il faut dire l’auteure en fait une parfaite tête à claques).

Sonja Delzongle a décidé de situer son intrigue en 2025, ce n’est certes qu’un détail sans importance sur le déroulé des événements, mais je m’interroge tout de même sur ce choix. Pourquoi ne pas avoir situé son intrigue de nos jours ?

À la lecture du roman, on devine un gros travail de documentation préalable autour des orages et des différents phénomènes qui y sont liés (dont la foudre bien entendu). C’est parfois technique, mais ça reste parfaitement compréhensible pour le profane (que je suis, soit dit en passant).

Si l’intrigue principale est rondement menée, je dois toutefois avouer que la fin m’a un peu donné l’impression de tomber comme un cheveu sur la soupe. Sur le coup je suis resté plus que perplexe devant cet ultime revirement de situation.

C’est la principale raison pour laquelle je me suis donné quelques jours pour rédiger la présente chronique (en général je ne prends aucun recul, j’écris à chaud). Je ne voulais pas que ce bémol final vienne ternir mon ressenti global.

[BOUQUINS] Jonas Jonasson – Dernier Gueuleton Avant La Fin Du Monde

Suède, été 2011. Petra, astrophysicienne autodidacte, a calculé que l’apocalypse surviendrait le 7 septembre, peu après 21h20.

Un drôle de hasard met la prophétesse de malheur sur la route de Johan – un homme certes un peu long à la détente, mais qui n’a pas son pareil pour régaler ses hôtes – et d’Agnes, une septuagénaire qui a fait fortune sur les réseaux sociaux en tant que « jeune influenceuse ».

Bien décidés à profiter du temps qu’il leur reste et à régler ce qui doit l’être, les trois compères entament ensemble un road trip en camping-car, au cours duquel ils croiseront les grands de ce monde…

Je considère Gilles Legardinier comme un auteur incontournable de la littérature feel good française – sans non plus vouloir le réduire à cet unique univers littéraire. Pour moi, Jonas Jonasson n’est ni plus ni moins que son équivalent dans la littérature nordique.

Découvert avec Le Vieux Qui Ne Voulait Pas Fêter Son Anniversaire (2012), le coup de foudre a été immédiat. J’ai retrouvé le même grain de folie dans les quatre romans suivants… pas question de rater ce nouveau rendez-vous.

Il serait presque réducteur de qualifier les romans de Jonas Jonasson de littérature feel good, certes ils font du bien au moral et aux zygomatiques, mais l’auteur suédois n’hésite pas à aller au-delà du raisonnable (vraisemblable ?) pour nous entraîner dans un voyage en absurdie (que je fais lorsque je m’ennuie… Ta gueule, Michel !). Et ce trublion nordique sait y faire pour nous embarquer dans ses délires et nous faire oublier notre bon sens et notre rationalité.

Avec ce nouveau roman, Jonas Jonasson va encore plus loin que précédemment, même la morale (parle pour eux… La ferme, Francis !) en prend pour son grade. Pas grave, du moment que l’on se régale et que l’on se marre.

Nous allons donc faire connaissance avec Johan, un personnage « gentil, serviable et d’une intelligence inégale ». Autant appeler un chat un chat, le gars n’a pas la lumière à tous les étages… en revanche il excelle dans le ménage et la cuisine (j’y reviendrai plus tard).

Notre brave Johan va donc rencontrer par hasard – et aussi un peu par accident (à sa décharge conduire un camping-car XXL n’est pas toujours facile… surtout quand on n’a pas de permis et que l’on est incapable de différencier le frein et l’accélérateur) – Petra, astrophysicienne autoproclamée convaincue que le monde n’a plus que quelques jours à vivre. Comme l’Académie des Sciences n’a même pas daigné la recevoir, la scientifique décide d’abréger son attente de l’Apocalypse et de se pendre ! Jusqu’à ce qu’un camping-car percute sa caravane et l’envoie dans le décor.

Plus tard, quand notre chère prophétesse aura renoncé à ses idées suicidaires et après un règlement de compte personnel, notre improbable duo va croiser le chemin (et le hangar à bateaux) de Agnes., une sympathique septuagénaire qui gagne – confortablement – en tant qu’influenceuse d’une vingtaine d’années qui fait le tour du monde – merci Internet, merci Photoshop.

Et voilà notre encore plus improbable trio parti dans un road trip (mais pas que), qui les conduira de la Suède vers l’Allemagne, puis vers la Suisse et l’Italie avant qu’ils ne s’envolent vers l’archipel des Condors (cherchez pas, il n’existe pas).

Un périple qui les amènera à rencontrer de nombreux personnages, dont certains tout aussi improbables qu’eux-mêmes. Johan pourra même se targuer, au cours d’un bref passage à l’ambassade de Suède de Rome, d’avoir échangé avec Barack Obama et Ban Ki-moon… même s’il n’a alors aucune idée de qui sont ces sympathiques gaillards.

Le personnage d’Alexandre Kovaltchuk m’a quant à lui beaucoup intrigué. Proche du pouvoir soviétique puis russe, Jonas Jonasson le présente comme futur président. Sachant que l’intrigue se déroule en 2011, le président russe était alors Dmitri Medvedev (sur le papier, dans les faits c’était bel et bien Vladimir Poutine qui tirait les ficelles du pouvoir) ; de quelle présidence allait donc hériter ce mystérieux Alexander ?

Avec ce roman, non seulement Jonas Jonasson émoustille vos zygomatiques, mais il va aussi titiller vos papilles. Je vous ai dit plus haut que Johan était un excellent cuisinier, je suis en fait loin du compte c’est un véritable chef cuisinier. Au fil de son périple, il va concocter pour ses amis quelques plats qui ne manqueront pas de vous mettre l’eau à la bouche. Pour mitonner ces alléchantes recettes, l’auteur s’est fait aider par Ludwig Tjörnemo (élu Chef de l’année en 2020).

Une fois de plus la sauce a parfaitement pris avec moi. Je referme ce bouquin avec un sourire niais aux lèvres et les yeux pétillants (sans oublier le filet de bave).