[BOUQUINS] Colin Winnette – Là Où Naissent Les Ombres

C. Winnette - Là où naissent les ombresJe ne suis pas du genre à me laisser influencer par les accroches commerciales mais j’avoue que la promesse du Washington Post, d’un roman qui « révolutionne le genre du western » a titillé ma curiosité et rapidement propulsé sur les hauteurs de mon Stock à Lire Numérique le roman de Colin Winnette, Là Où Naissent Les Ombres.
Brooke et Sugar sont frères et chasseurs de primes. Suite à un accrochage en ville ils sont contraints de trouver refuge en forêt histoire de se faire oublier. Un matin ils retrouvent, allongé entre eux, un gamin, nu et amnésique. Bon an, mal an, les deux frères vont accepter qu’il les accompagne. mais avec eux le voyage ne sera pas de tout repos…
Ah que voilà un roman qu’il n’est pas simple de présenter, à tel point qu’on peut se demander si le gars qui a rédigé la quatrième de couv’ chez Denoël a bien lu le bon bouquin…
Si vous aimez les romans noirs et les western alors ce bouquin est fait pour vous, l’auteur vous propose en effet un western d’une noirceur absolue qui vous prendra aux tripes dès les premières pages. Le genre de noirceur d’où ne perce aucune source d’espoir, pas même une étincelle ; une plongée en aveugle dans les tréfonds les plus obscurs de l’âme humaine.
Un sentiment renforcé par une forme brute de décoffrage qui n’est pas sans rappeler La Route de Cormac McCarthy, aucun chapitrage et une mise en page minimaliste (un saut de ligne pour passer d’un personnage à l’autre, un retrait en début de paragraphe et puis basta).
Même le style contribue à ce sentiment de malaise diffus, l’écriture est froide, l’auteur nous expose les faits sans fioriture (ce qui n’empêche pas une grande richesse dans le vocabulaire) ; comme s’il souhaitait garder ses distances avec ses personnages par crainte que leur noirceur ne déteigne sur lui. Un ressenti qui n’est pas sans rappeler l’effet que m’avait fait Sukkwan Island de David Vann.
Et pourtant une fois le bouquin commencé je n’ai plus pu le lâcher, hypnotisé par cette intrigue (où plutôt par cette succession d’événements) d’où personne ne sortira indemne. Peut être que je suis maso à rechercher du noir toujours plus noir.
On peut sans trop de risque de se tromper situer le récit dans l’Ouest américain du XIXème siècle même si nous n’avons quasiment aucun repère, ni géographique, ni temporel. Peut être une façon de souligner que la noirceur de l’âme humaine ne connaît aucune frontière spatio-temporelle…
De la même façon il est difficile de s’attacher aux personnages, mais là encore on sent une volonté délibérée de l’auteur de vouloir imposer une certaine distance. On saura finalement assez peu de choses concernant Brooke et Sugar (mais attendez vous quand même à un retournement de situation qui devrait vous laisser sur le cul). Difficile, pour ne pas dire impossible, de faire un tri entre les gentils et les méchants, ici nous ne sommes pas dans le tout blanc et tout noir mais plutôt dans une large palette de nuances de gris.
C’est le premier roman de l’auteur traduit en français, en VO c’est son cinquième et dernier titre en date (paru en 2015). Je ne sais pas si Denoël (ou tout autre éditeur francophone) compte publier les précédents mais si tel était le cas alors je serai fidèle au rendez-vous.
Je comprendrais parfaitement que mon enthousiasme laisse de marbre certains de mes visiteurs craignant une overdose de noirceur, tout comme je ne serai pas surpris que certains lecteurs ne partagent pas mon engouement pour ce roman… Si je peux donner un conseil aux futurs lecteurs potentiels : évitez de vous lancer dans un moment de blues à l’âme !

MON VERDICT
jd5Coup double

8 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Colin Winnette – Là Où Naissent Les Ombres »

  1. Dis, les ombres, elles naissent aussi dans les choux comme les petits garçons ou dans les roses, comme nous, les femmes ?? 😀

    J’aime les romans noirs et les westerns !! Imbécile que je suis de le laisser trainer dans ma PAL !! Tu fais bien de sortir la cravache pour me taper sur les doigts !

    Par contre, je m’interroge (j’ai que ça à faire) sur le fait que le roman nous laissera sur le cul… puisque je lis assise sur une chaise ou dans le canapé, je suis déjà sur le cul, non ?? Alors comment le roman peut-il me mettre encore plus sur le cul ??

    Oui, je sors, première porte à gauche, je connais… 😆

  2. Je suis comme toi, j’aime les romans noirs foncés. En revanche, j’ai du mal avec le style d’écriture comme « La route » J’en ai un souvenir assez gênant. J’aime bien reprendre mon souffle un peu quand même 🙂

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