[BOUQUINS] George, Elizabeth – Juste Une Mauvaise Action

E. George - Juste une mauvaise actionJe poursuis mon Challenge retrouvailles au rythme de croisière que je me suis imposé, grosso modo je m’impose une alternance entre un bouquin du challenge et d’autres bouquins… avec toutefois une certaine souplesse. Direction l’Angleterre cette fois, pour y retrouver l’inspecteur Lynley et sa dix huitième enquête, Juste Une Mauvaise Action, toujours sous la plume d’Elizabeth George.
Azhar, le voisin et ami de Barbara Havers est dévasté, sa compagne s’est fait la malle avec leur fille. Le pire étant que la police ne peut intervenir, Azhar n’a en effet aucun droit sur la gamine. Cinq mois plus tard la compagne de Azhar est de retour à Londres, leur fille a disparu alors qu’ils s’étaient installés en Toscane. L’affaire parvient « malencontreusement » aux oreilles de la presse, Scotland Yard n’a d’autre choix que de dépêcher l’inspecteur Lynley sur place pour une enquête conjointe avec son homologue italien…
C’est ma troisième rencontre avec l’inspecteur Lynley et je dois reconnaître que les précédentes m’avaient fait forte impression. Oubliez les thrillers dopés à l’adrénaline, ici on est dans le polar dans la plus pure tradition british (même si l’auteure est américaine), il faudra se montrer patient avant que les différentes pièces du puzzle ne s’assemblent.
Pour être tout à fait franc j’ai été quelque peu déconcerté par le début, pas d’enquête policière, juste les états d’âmes de Barbara Havers et de Azhar. OK, ça s’engage plutôt mal… 700 pages à ce rythme ça va être foutrement long à lire ! Mais c’était sans compter sur le génie d’Elizabeth George, d’un coup sa mécanique machiavélique se met en branle. Enfin une vraie enquête démarre ! Quand son dénouement semble approcher on s’aperçoit que l’on en est à peine à la moitié du bouquin… L’auteure nous réserve encore bien des surprises et prend un malin plaisir à nous égarer sur de fausses pistes. Et Dieu sait que les questions et remises en question ne manqueront pas au fil des pages !
Dans cette nouvelle affaire le sergent Barbara Havers est largement mise à contribution car elle se sent personnellement impliquée. Le hic c’est qu’elle a la finesse et la délicatesse d’un troupeau d’éléphants enragés lâché dans une plantation de baobabs ! En l’occurrence elle multiplie les erreurs, les mauvais choix, et les négligences au point que même Lynley ne sait plus s’il pourra couvrir ses conneries : « Je viens d’avoir avec elle une conversation qui m’a perturbé. Pourtant depuis que je la connais, j’en ai eu, des occasions d’être perturbé par elle, vous ne pouvez pas savoir. Mais là, c’est trop pour moi. » Ou encore : « Elle était intelligente, certes, mais la moitié du temps ne se servait pas de son cerveau. Et quand elle s’en servait, c’était souvent pour faire n’importe quoi. Comme maintenant. » On en arrive presque à attendre avec impatience le retour de manivelle tant elle semble se montrer stupide et bornée (bin oui, mon empathie est plus limitée que celle de Lynley). Mais même notre flegmatique inspecteur (et de fait nous aussi) doit bien avouer Barbara Havers a d’indéniables qualités : « Et pourtant… Quand elle était sur une enquête, elle s’y plongeait tout entière et donnait le meilleur d’elle-même. Elle n’avait jamais peur de tenir tête à quelqu’un dont elle ne partageait pas l’opinion. Elle ne faisait jamais passer ses chances de promotion avant la résolution d’une affaire. Et quand elle tenait ce qu’elle pensait être une piste, on ne pouvait pas plus la lui faire lâcher qu’à un pitbull un morceau de steak. Son esprit frondeur et sa faculté à ne se laisser démonter par personne, si haut placé que soit ce personne… En un mot, Barbara était hors normes, et c’était exactement le genre d’officier dont on avait besoin dans une équipe. » Retour de boomerang en pleine gueule ou pas ? Sur ce coup je resterai muet comme une carpe catatonique.
D’un autre côté il faut bien reconnaître que tout joue contre le principal suspect, d’autant que lui aussi n’a pas brillé par son intelligence dans certains de ses choix. Si j’étais dans un jury je le condamnerai sans la moindre hésitation, il a le profil idéal pour avoir commis ce dont on l’accuse. Mais dans un roman d’Elizabeth George je me dis qu’il y a forcément anguille sous roche, sous sa plume les évidences sont généralement trompeuses. Mais bon si ce n’est lui alors qui ? Pourquoi ? Et surtout comment ? Ne comptez pas sur votre vieille carpe catatonique pour lever le voile sur ces questions.
Vous l’aurez compris, une fois de plus l’auteure nous a mitonné un polar so british totalement maîtrisé, il va sans dire que j’aurai plaisir à retrouver l’inspecteur Lynley pour sa prochaine enquête.
L’auteure porte un regard plutôt critique sur le système judiciaire italien, je ne sais pas si tout est rigoureusement exact (je suppose que oui), mais si je devais séjourner en Italie (ce qui me semble fort peu probable) j’éviterai consciencieusement d’attirer l’attention des flics sur moi.
Petit bémol sur la forme plus que sur le fond. Je sais bien qu’une partie de l’action se déroule en Toscane, mais étail-il vraiment nécessaire de multiplier les phrases en italien ? La simple mention que le dialogue se déroulait en italien eut été suffisant. Si demain Lynley est envoyé au Japon ou à Moscou nous aurons le droit à des phrases entières écrites en barreaux de chaises (kanji, hiraganas et katakanas) ou en cyrillique ??? Certes ça donne une touche d’exotisme mais personnellement je considère cela comme étant plus pénible qu’autre chose.

MON VERDICT
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18 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] George, Elizabeth – Juste Une Mauvaise Action »

      1. ARGH !! Lord, n’en rajoute pas, m’en suis pas encore remise !! Tout ce temps à se tourner autour, elle les fout enfin ensemble et boum…. NOOOOOON

  1. Je suis une inconditionnelle. Mon préféré étant Anatomie d’un crime que j’ai trouvé plus sombre, voire bouleversant.
    Je suis en phase avec toi sur les phrases en italien qui n’en finissent pas. J’ai trouvé ça chiant au possible 🙂
    Pas le meilleur de l’auteur mais je ne m’en lasse pas.

    1. Je te crois volontiers quand tu dis que ce n’est pas le meilleur de la série… pour moi c’est le moins bon des 3 derniers.
      Mais je continuerai à rester fidèle à Lynley and Co… faudrait juste que je trouve le temps de remonter la chronologie.

  2. Hello ! Il y a pas mal de temps que je ne suis pas venue faire un tour ici (mon blog me prend un temps incroyable, faut pas croire !) et je le regrette, ton blog est supra bien. Alors concernant Elisabeth George, j’hésite toujours entre « t’as pas idée à quel point je me fais chier » et « oh, ce roman a un côté raffiné qui ressemble à un plat Guy Degrenne- mais j’aime bien quand même ». Je sais qu’il ne s’agit pas d’une auteure anglaise et ça m’exaspère car selon moi, E.George est une anglaise, épicétout ! J’aime beaucoup la citation de l’intelligente en feuilles de Ginko : « elle était intelligente, certes, mais la moitié du temps ne se servait pas de son cerveau » (moi, je trouve que c’est cool d’avoir l’air d’une truffe des fois !). Bizarre ce choix d’écrire certaines répliques en italien, je n’ai jamais lu ça nul part !

  3. C’est difficile à expliquer, je m’ennuie un peu mais c’est un ennui à l’anglaise, pas nul : un peu comme quand on lit Jane Austen ! 🙂 Je te renvoie le compliment de la rareté de tes visites, je crois que je vais devoir de nouveau te taguer ! 😉

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