[BOUQUINS] Michaël Mention – Adieu Demain

M. Mention - Adieu DemainUn bouquin sur lequel j’ai jeté mon dévolu suite aux chroniques ô combien élogieuses de Gruz et Belette (et oui encore eux !) ; d’un autre côté j’ai la quasi certitude de passer un bon moment avec cet Adieu Demain de Michaël Mention. Alors info ou intox ?
1995-2001, Comté du Yorkshire (Angleterre). Un tueur en série semble s’inspirer des crimes commis par l’Eventreur du Yorkshire 20 ans plus tôt. Mark Burstyn, superintendant à Scotland Yard, et son assistant, l’inspecteur Clarence Cooper, savent qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur dans cette enquête. Mais le tueur demeure insaisissable…
Si je ne devais retenir qu’une chose de ce bouquin c’est qu’il suffit d’une petite bestiole pleine de pattes et de poils pour faire disjoncter une grande bestiole montée sur deux pattes jusque là sans histoire (ou presque)… Je reconnais volontiers ne pas raffoler des araignées mais pas au point de péter une durite. Non je déconne, dans ce bouquin il y a bien plus qu’une simple question d’arachnophobie. Même si la peur tient une place essentielle dans l’intrigue, et pas seulement chez Peter et sa phobie.
Pour son tueur, l’auteur s’inspire « très librement » du parcours de Stephen Griffiths, un tueur qui sévît dans le Yorkshire entre 2009 et 2010 (3 victimes, le minimum syndical pour devenir tueur en série). La réalité des faits est déjà bien glauque, mais Michäel Mention a pris le parti d’aller encore plus loin.
Bien qu’écrit à la troisième personne le bouquin réussit à nous plonger dans les méandres de l’esprit dérangé (phobique) de Peter, et croyez moi c’est une expérience pour le moins troublante. En fait l’auteur nous balade avec la même efficacité dans les têtes de Mark et de Clarence, certes le séjour est moins dérangeant (quoique… vous le découvrirez par vous même) mais on reste en totale immersion. Et ce n’est pas le seul tour de force de l’auteur, on vit littéralement son récit tant il est criant de vérité ; c’est presque comme s’il nous collait à la peau, visqueux et gluant à souhait (comme une toile d’araignée).
Michael Mention ne nous plonge pas directement dans le feu de l’action, il remonte d’abord à l’enfance puis à l’adolescence de Peter (de jeunes années qui ne furent pas un long fleuve tranquille) ; le personnage prend corps dans notre esprit, la graine est plantée. Et vous pouvez compter sur l’auteur pour la faire germer, lentement mais sûrement, insidieusement même. L’essentiel du bouquin et surtout de l’enquête du Yard se déroule entre mai et septembre 2001.
Entre Peter, Mark et Clarence on a le droit à trois fortes personnalités, trois personnages que l’auteur nous mitonne aux petits oignons, trois individus qui ont un trait de caractère en commun : ils sont tous obsessionnels. Je ne m’étendrai pas d’avantage sur les personnages (beerk… ça va pas non !), en dire plus serait trop en dire.
Non seulement l’auteur nous tient en haleine par son intrigue, parfaitement maîtrisée, parsemée d’indices et de fausses pistes, mais aussi par son écriture et la construction même du roman. Difficile à expliquer mais l’ensemble s’imbrique à la perfection, le bouquin vous prend aux tripes dès les premières pages pour ne plus vous lâcher avant la fin. Etripé, essoré, vidé…
Petit plus, pas indispensable mais bien agréable tout de même, au fil des pages l’auteur nous fait revivre quelques pages du passé, entre actualités internationales, faits divers anglais, sorties (et rétrospectives) musicales et cinématographiques. Pour ne rien gâcher dans ces derniers domaines l’auteur fait preuve d’un bon goût évident.
Adieu Demain est le second opus d’une trilogie anglaise (après Sale Temps Pour Le Pays, roman qui tourne autour de l’Eventreur du Yorkshire) ; d’une part il m’a donné envie de découvrir ce premier opus, et d’autre part j’attends déjà avec impatience le suivant.
Comme vous pouvez le constater je fais dans le roman noir (quoique présentement on a le droit à un mix subtil entre le roman noir, le polar et le thriller psychologique) ces derniers temps, n’allez pas croire que mon humeur est à l’image de mes lectures. Je (re)découvre un genre que je n’ai pas abordé depuis un moment, un genre qui s’est considérablement enrichi… pour notre plus grand plaisir.

10 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Michaël Mention – Adieu Demain »

  1. Merci à toi de nous avoir fait confiance à Belette et à moi ;-). Tu peux me croire, lire ta chronique est super important pour moi. Tu as décidément des goûts de qualité 😉
    Plus sérieusement, c’est une superbe réussite, tu en parles si parfaitement que je vais me permettre d’envoyer ta chronique à l’auteur

    1. Permets toi mon ami, ça me fait plaisir.
      C’est le gznre de bouquin dont on pourrait causer pendant des plombes mais d’un autre côté on n’a pas envie d’en dire trop… typiquement le genre de chronique chiante à écrire 🙂

      1. Je l’ai envoyé à l’auteur sur face de bouc, il est super content et te remercie beaucoup (oui parce qu’en plus d’être un super auteur, c’est un mec bien)

  2. Ah oui, moi aussi attirée par lGruz sur ce bouquin qui m’a collé à la peau et tenu en haleine en me donnant beaucoup de sueurs froides et de crises de défaillances ( et oui!!!, je SUIS arachnophobe) mais j’ai tenu jusqu’au bout car Mickael Mantion est diabolique pour nous tenir en haleine et l’immersion dans la tête de ses personnages est vraiment totale, pour moi encore plus dans celle de Peter….J’en suis ressortie lassivée mais cela en valait vraiment la peine.. Un grand bouquin …

    1. Au départ on est surtout dans la tête de Peter puis on bascule dans l’esprit de Clarence. Je ne sais toujours pas quel trip est le plus perturbant (pauvre Rati).

  3. Bonjour,
    Comme toi, j’ai découvert récemment Michael Mention, mais avec « Sale temps pour le pays » et comme toi, j’ai accroché tout de suite. Suis même partante pour la suite vu que ça a l’air aussi maîtrisé. Mais je n’aime pas bien les araignées, pas envie qu’elles me suivent la nuit dans mes rêves…

    1. Rassure roi moi aussi je ne suis pas fan des araignées. Je crois justement que c’est ce quixfait que le bouquin esr encore plus fort pour « nous ».

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