[BOUQUINS] Yannick Monget – Résilience

Y. Monget - RésilienceVoilà un titre qui pourrait parfaitement s’inviter à mon challenge SF, mais ce Résilience de Yannick Monget ne se contente pas de nous livrer une vision du futur bien sombre, il entend faire réfléchir le lecteur en s’appuyant sur un scénario catastrophe mais pas du tout improbable.
Suite aux effets combinés de catastrophes nucléaires en série et d’une pandémie virale ravageuse, l’humanité a quasiment été éradiquée de la surface de la Terre. Les survivants sont regroupés dans diverses bases de vie en Antarctique et d’autres régions isolées du Monde. Comment a-t-on pu en arriver là ? Et surtout existe-t-il encore un espoir de sauver la planète ?
Ah que je vais avoir du mal à vous pondre une chronique qui tienne la distance, non pas que ce fut un calvaire de lire ce roman, bien au contraire j’ai été séduit et plus qu’agréablement surpris. La principale difficulté tient justement dans la profondeur de ce roman, vous aurez entre les mains, à la fois un roman d’anticipation post-apocalyptique, un thriller riche en rebondissements, un bouquin d’espionnage dans lequel fiction et (triste) réalité cohabitent sur fond de géopolitique et d’écologie. Ca fait beaucoup non ?
N’ayant franchement pas la fibre écolo (au sens politique du terme) et n’étant pas non plus un antinucléaire convaincu, je craignais un peu que cet aspect du roman ne soit quelque peu indigeste. Mais en fait l’auteur ne se lance pas dans un manifeste antinucléaire à la sauce verdâtre façon Greenpiss ; son roman, richement documenté, se lit (et se ressent) d’avantage comme un cri d’alarme visant à attirer notre attention sur ce qui pourrait arriver en cas de mauvaise gestion continue de la question du nucléaire. Sur le sujet les politiques, de droite ou de gauche, sont muselés par les (faux) enjeux économiques et par une poignée de lobbyistes qui leur serve un discours erroné, et bien entendu c’est ce même discours qu’ils nous refourguent. Et oui ce bouquin va certainement vous pousser à vous poser des questions et même à remettre en cause certains points que vous teniez auparavant pour acquis (j’vous rassure ça ne vous fera pas virer écolo, ici on parle de questionnements intelligents). Le discours de l’auteur est d’avantage écologue (fidèle à l’essence même de l’écologie) qu’écologiste (exploitation politique, souvent à tort et à travers, de l’écologie).
Mais rassurez vous ce discours est mis au service d’une intrigue aux multiples facettes menée tambour battant. Les chapitres alternent en effet entre une intrigue qui se déroule deux ans après l’effondrement de l’humanité, et une autre qui vous fera vivre les derniers mois du monde tel qu’on le connait. L’auteur ne situe pas précisément dans le temps la catastrophe, toutefois, une lecture attentive des multiples notes et renvois permet de se faire une petite idée de la chose, disons que les années 2050/2080 seraient une échéance probable. Mais ce n’est pas tant la date éventuelle qui fait froid dans le dos, mais plutôt le réalisme du scénario imaginé par l’auteur.
La dernière partie de l’ouvrage est un condensé de notes et annexes en rapport avec le nucléaire, sans prendre pour argent comptant toutes les affirmations de l’auteur, force est de reconnaître qu’il est sacrément documenté sur la question. Toutes ces informations permettent en partie de répondre aux questions que l’on se pose après la lecture du roman et à réfléchir à notre avenir. Quand je dis notre avenir je ne me la joue pas nombriliste, c’est bel et bien de l’avenir de l’espèce humaine (par moment le terme humanité me semble déplacer pour nous désigner) dont il est question. Quelle que soit votre position vis-à-vis du nucléaire ça ne coûte rien de parcourir ces quelques pages, après à chacun de se forger son opinion (pour ma part je reste dans la catégorie Sans opinion, ou plus exactement Oui mais… pour une fois !).
A la base le bouquin a d’abord été distribué uniquement en version numérique par Symbiom (voir la page du livre sur leur site) au prix de 13€, face au succès rencontré par le roman, une version papier a été publiée au prix de 25€. C’est sur la version numérique que j’ai jeté mon dévolu, en introduction l’auteur s’adresse à ses lecteurs numériques en affirmant comprendre le piratage tout en dénonçant le partage de masse (qui n’est autre qu’une forme plus aboutie du piratage) ; je ne m’inviterai pas dans ce débat vous savez sans doute que je pratique les deux sans avoir le moindre scrupule. Par contre l’auteur termine son plaidoyer en invitant les lecteurs-pirates à se procurer une version légale de Résilience, une fois n’est pas coutume je l’ai fait, non pour le financement de projets de Symbiom mais simplement pour remercier l’auteur pour ce bon moment de lecture passé avec son bouquin. Depuis samedi dernier l’auteur propose (via la page Symbiom) son roman sous forme de feuilleton numérique gratuit, laissant à chacun le soin de payer ou non selon ses moyens, ses envies et sa conscience.

16 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Yannick Monget – Résilience »

  1. Juste parfait !
    Ta chronique est parfaite, elle dit tout ce qu’il faut savoir sur cette lecture, avec les questionnements véritables et l’aspect divertissement du récit.
    Pour ma part; j’étais dans les « sans opinion », j’ai changé d’avis après la lecture de ce livre qui m’a vraiment convaincu

    1. J’étais dans les « Oui mais… » et maintenant j’y suis encore plus ; il y a des trucs sidérants quand même (notamment le fait qu’un chef d’état ne puisse demander un scénario de sauvetage en cas de risque nucléaire majeur à l’OMS sans un accord de l’IAEA).
      Très bien écrit, intrigue prenante à souhait et instructif. Bingo !

      1. Il y aurait des pages et des pages à dire et à redire mais je ne voudrais pas spoiler. Laissons les futurs lectures flipper pour l’avenir 🙂

      2. en tout cas une belle initiative de l’auteur de rendre gratuite son histoire !
        Et super content de te voir en parler si bien 😉

      3. Je suis le premier surpris par mon enthousiasme. Sort de ce corps Duflot !!!

        Quand on vous dit qu’on est foutu c’est la fin…
        A lire sur Slate.fr
        J’ai essayé de lire l’intégralité du rapport en anglais mais j’ai vite battu en retraite. Trop technique.

  2. Ca a l’air intéressant mais ça va encore plus m’angoisser pour le futur tout ça !! mais je pense que ce roman est quand même un peu engagé car je lis sur la couverture que la préface est de Corrine Lepage, femme politique, et je viens de parcourir sa page facebook il suit quand même de près l’actualité nucléaire et politique j’ai l’impression. Après ça ne me dérange pas, au contraire !

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