[BOUQUINS] Romain R. Martin – La Dissidence Des Cancrelats

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Titre : La Dissidence Des Cancrelats
Auteur : Romain R. Martin
Éditeur : LBS
Parution : 2020
Origine : France
244 pages

De quoi ça cause ?

Claude et Werther sont des marginaux qui hantent les voies désaffectées de la RATP (même s’ils préfèrent se considérer comme des employés auto-proclamés à la maintenance). C’est tout un microcosme qui vit en autarcie dans les sous-sols parisiens, sous la direction de Magnus, le Haut-Contremaître.

Quand Sorensen et Werther sont agressés en pleine nuit par un collègue déguisé en sage-femme, ils entendent bien obtenir une légitime réparation. S’engage alors une course-poursuite vengeresse…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’avais beaucoup aimé le premier roman de l’auteur, Vermines (Flamant Noir, 2017), j’espérai retrouver le même ton décalé et le même style d’intrigue complétement déjantée.

Ma Chronique

Ça fait longtemps (tout est relatif) que ce bouquin traine dans les méandres de mon Stock à Lire Numérique, contrairement à bon nombre (trop ?) de ses pairs, je ne l’ai pourtant jamais totalement perdu de vue.

Dès les premières pages Romain R. Martin donne le ton, pas question pour lui de rentrer dans le moule, ni de respecter scrupuleusement les règles d’un genre littéraire. Ça tombe plutôt bien, c’est exactement ce que j’attendais de lui.

Si la couv’ du roman porte bien la mention thriller, je peux vous assurer que celui-ci ne ressemble à aucun autre. C’est un bouquin totalement inclassable, un véritable OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) qui ne manquera pas de surprendre les lecteurs.

Déjà le microcosme underground qu’il imagine mérite à lui seul le détour, des marginaux un peu (beaucoup) paumés, plus ou moins organisés en communauté et dirigés d’une main de fer par un « Haut-Contremaître ».

Est-il besoin de vous préciser que dans un décor pareil l’auteur a de quoi s’en donner à cœur joie pour nous proposer des personnages hors du commun ? Et il ne se prive pas de le faire, pour notre plus grand plaisir.

En l’occurrence l’intrigue est portée par quatre personnages. À commencer par Claude et Werther qui forment un couple pour le moins atypique, oubliez les grands romantiques, ici on est plutôt dans le registre du sadomasochisme. Ils partagent leur terrier avec Fausto, leur co-locataire (on apprendra par la suite que la réalité est un tantinet plus complexe). Et bien entendu il faudra aussi compter avec le maître des lieux, Magnus, et son moyen de transport pour le moins inhabituel.

Je reste volontairement dans le vague, qu’il s’agisse de l’organisation de cette improbable communauté underground, ou des personnages. Non que je craigne d’en dire trop (en général j’évite toute forme de spoil), mais simplement pour laisser intact le plaisir de la découverte.

Le roman est divisé en deux parties, la première se déroule presque exclusivement dans les souterrains, la seconde précipite nos cancrelats dans le monde d’en-haut pour un bouquet final des plus détonnant.

Les chapitres, courts et rythmés, assurent une lecture d’une grande fluidité. Du coup on se surprend à dévorer le bouquin quasiment d’une traite. Un récit qui fait un pied-de-nez au politiquement correct et à la morale ; noir, irrévérencieux et amoral, le trio gagnant !

Le ton est à l’image de l’intrigue et des personnages, décalé, déjanté mais totalement assumé. On sent que Romain R. Martin est là pour se faire plaisir, et pour nous faire plaisir. Et ça marche ! Cette lecture fut purement et simplement jouissive.

Pour apprécier pleinement ce bouquin laissez-vous simplement porter par son intrigue ; oubliez la logique, oubliez le possible et même le probable. Bref, oubliez le monde réel et entrez dans celui dans cancrelats.

 MON VERDICT

Petit aparté technique

Depuis le temps vous me connaissez, je suis un maniaque du code. Quand j’ouvre un livre numérique je commence par vérifier si la table des matières est intégrée au bouquin (au besoin je l’ajoute), je vire les classes inutiles et j’aère le code (tout ça via Sigil).

La seconde étape consiste à m’intéresser au code à proprement parler. Du premier coup d’œil on devine un code surchargé (essentiellement du fait de classes redondantes), le nettoyage est un peu plus long et n’apporte pas grand-chose (pour ne pas dire que dalle) concrètement. Il n’en reste pas moins que, une fois l’epub retravaillé, la feuille de styles passe de 702 à 262 lignes.